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Le Forum des mouvements sociaux et des forums sociaux, qui a eu lieu à Bouznika (Maroc) le 5, 6 et 7 mars 2010, a rassemblé près de 700 participant(E)s, issu(E)s de 260 organisations syndicales et réseaux associatifs , dont 80 organisations internationales venant de 29 pays. Le taux de participation des femmes était de 23%, ce qui est peu, mais par contre les jeunes étaient présents en force lors de cette rencontre.
Cette rencontre, d’une grande envergure, a mis en lumière les défis à relever :
La commission expansion du Forum Social Mondial s’est réunie en marge du forum pour définir les orientations quant à l’élargissement aux grandes régions. La Commission constate une grande avancée dans l’extension du mouvement à la région Maghreb-Machrek depuis la rencontre de Rabat en mai 2009, et souhaite étendre le mouvement à deux autres grandes régions : l’Asie et l’Europe de l’Est. En Asie, le mouvement existant (particulièrement en Inde) doit être consolidé, à travers notamment la tenue d’un Forum social Asie du Sud prévu en 2010 au Bangladesh et d’un Forum social à Bangkok. En Europe de l’Est, les circonstances sont très difficiles ; Samir Amin parle d’échec du soviétisme.
Deux thèmes importants ont été soulignés :
Ces deux aspects mettent en évidence que la crise n’est pas uniquement financière, c’est aussi une crise écologique et des civilisations.
Dans le cadre de l’année globale d’action pour la préparation du Forum social mondial de Dakar en janvier 2011, une série d’évènements sont prévus en 2010. Depuis le début de l’année, déjà 14 évènements ont eu lieu à Tokyo, Bahia, Porto Algere, etc. Loin de s’essouffler, le processus s’élargit et s’ancre et s’il est moins spectaculaire il n’en est que plus réel. D’autres évènements sont prévus dans la région Maghreb-Machrek et inscrits dans l’agenda international : le Forum social syndical en Algérie, le Forum Mondial de l’Education en Palestine, etc. Des rencontres sont aussi prévues tout au long de l’année dans le monde : le Forum Social Etats-Unis, le Forum Social sur l’environnement à Mexico, le Forum Social en Bolivie ainsi que 40 autres évènements majeurs pour une convergence des mouvements sociaux vers Dakar.
A la lecture de la scène syndicale de la région (Algérie, Tunisie, Maroc et Mauritanie), les participants sont arrivés à un accord quant à la tenue d’un Forum social syndical en Algérie les 14 et 15 mai 2010. Suite à la rencontre du Forum Social Maghrébin à El Jadida en 2008, il avait été décidé la tenue d’un forum social syndical en Mauritanie mais des conditions objectives ont empêché la tenue de ce forum.. Les thématiques abordées :
Les participants ont hautement apprécié l’initiative marocaine dans le soutien aux détenus du bassin minier de Gafsa en Tunisie lors de leur procès. Les participants ont aussi débattu de leur participation à Dakar : quelles capacités et quelles contributions ? La question des ressources et des financements est essentielle pour garantir la participation large des mouvements syndicaux dans le cadre du forum de Dakar. Il faut aussi définir les thèmes qui seront abordés et prévoir une diffusion large des recommandations qui ont émané du forum syndical et du FSM.
Le Maghreb a joué un rôle important dans la rencontre Maghreb-Machrek qui a eu lieu à Haroura en mai 2009.
Le FSMagh a aussi décidé de soutenir la tenue du premier Forum Social Irakien qui revêt une importance capitale dans cette région en guerre.
Le FSMagh va tenter d’organiser sa prochaine rencontre en Mauritanie car la situation et le contexte politique sont aujourd’hui plus favorables qu’ils ne l’étaient en 2008. Cependant, l’agenda actuel étant très chargé d’ici le Forum Social Mondial de Dakar, cette rencontre aura sûrement lieu en 2011. C’est très important que le FSMagh puisse se réunir ailleurs qu’au Maroc et la Mauritanie constitue le trait d’union entre l’Afrique Noire et le Maghreb. Le FSMagh lance un appel de solidarité avec la Tunisie (le 17 mars aura lieu le procès des militants tunisiens). Une délégation maghrébine de solidarité sera présente (comme à Gafsa). Ce n’est pas seulement une rencontre mais la création de solidarité inter-maghrébine pour une Maghreb des peuples. Se pose la question du financement : appel à participation, il faut mettre en commun les moyens.
La question de la communication au FSMagh est cruciale : il faut créée un groupe de communication par e-mail, diffuser l’information dans les deux sens, utiliser le portail e-joussour et le portail FSMagh, aller vers la communication/l’évènement et ne pas attendre qu’elle vienne toute seule.
Cette rencontre était un espace de réflexion, d’échanges et de débats mais pas de recommandations. Les participants ont salué le courage de mettre ce sujet au sein de la rencontre. En effet, cela constitue une première dans ce genre de rencontre. Les interventions étaient de qualité et ce débat devrait être poursuivi dans toutes les rencontres et tous les forums. Il faudrait inscrire ou réserver un espace dans le Forum Social Mondial de Dakar pour approfondir la réflexion sur cette question présente en force dans les sociétés musulmanes et qu’on ne peut occulter.
La présence du mouvement féministe dans la région Maghreb-Machrek est, malheureusement, assez faible. Deux questions se posent :
Le Forum Mondial de l’Education qui aura lieu en Palestine, en octobre 2010, ne sera pas une rencontre sur l’éducation en Palestine mais bien un forum social sur la question de l’éducation et de l’enseignement à l’échelle mondiale, organisé à Gaza, Ramallah ou en Cisjordanie. La présence à ce forum, qui constitue une opportunité contre le blocus israélien, est nécessaire, vitale.
Il est indispensable d’avoir des rencontres quotidiennes sur le terrain, dans les lieux éloignés des villes, pour atteindre les personnes marginalisées qui constituent les éléments fondamentaux pour le changement.
Une campagne globale pour l’Education doit être menée au niveau de la région Maghreb-Machrek. Nous devons être solidaire avec les pays sous occupation. C’est pourquoi il demande le soutien de tous les camarades pour réussir cette manifestation qui aura un impact sur l’histoire. Dans le même temps, d’autres manifestations de soutien seront organisées dans d’autres pays arabes.
Environnement
Le débat sur la question de l’environnement est parti du slogan « La terre notre mère » et de la question du Changement Climatique, de Rio à Copenhague. Le Sommet de Copenhague s’est soldé par un échec car il n’y a pas eu d’accord cadre entérinant le Protocole de Kyoto qui prendra fin en 2012, seulement une déclaration de bonne intention, non contraignante, notamment concernant la diminution des émissions de gaz à effet de serre ainsi que quelques engagements financiers. Le financement reste le problème principal quant à la mise en œuvre de mesures concrètes pour lutter contre le Changement Climatique. A défaut de l’instauration de mécanismes de contrôle effectifs, le Sommet s’est conclu par des promesses de la part des Etats-Unis et de la Chine.
Le débat a aussi porté sur la situation de l’eau au Maroc : le secteur se privatise et la gestion de l’eau est déléguée à des multinationales. Le rôle des mouvements sociaux dans ce secteur est important. Un appel est lancé pour créer un forum alternatif en 2012 à Marseille lors du 6ème forum mondial de l’eau.
Santé
La politique sanitaire au Maroc a été présentée mettant ainsi en lumière les conditions difficiles d’accès aux soins (70% des marocains n’ont pas de couverture médicale). On constate des discriminations dans le secteur de la santé, un déficit de l’encadrement médical dans certaines régions et des hôpitaux où il n’y a pas de médecin.
En Égypte une feuille de route a été constituée pour la création d’une commission régionale sur cette question. Les mouvements sociaux sont forts en Égypte sur la question de la santé, ils ont réussi à arrêter la décision de privatisation du secteur. Nous devons tous tirer profit de cette expérience car il existe des entre les politiques de santé dans la région, qui font de la santé une marchandise.
Les participants ont fait les recommandations suivantes :
Les jeunes de la région se sont réunis afin d’établir des ponts entre les mouvements associatifs des différents pays, ils ont décidé de constituer un forum des jeunes pour la communication entre les mouvements de jeunes avec pour objectif de :
Les participants, militants syndicaux, ou associatifs, sont parvenus aux constats suivants :
Une Commission, qui rassemble les associations qui font un travail de proximité, a été créée lors du FSMagh tenu à El Jadida en 2008. Il s’agit d’impulser la coordination et la synergie des associations de proximité pour renforcer leur travail de terrain afin qu’elle puissent proposer des recommandations pour les forums thématiques par exemple sur les logements dans les quartiers, approfondir la réflexion et élaborer des plans d’actions ancrées dans les réalités sociales des populations.
Les intervenants ont présenté les politiques européennes en matière de migrations, les accords de réadmission de l’Union européenne, et la « directive de la honte ». La situation des immigrés maghrébins en Europe est difficile car ils rencontrent des difficultés pour s’intégrer et sont victimes de racisme mais aussi d’exploitation, comme les femmes marocaines qui sont exploitées pour la cueillette des fraises en Espagne. La situation des femmes et enfants africains au Maroc est aussi très préoccupante : ils sont particulièrement fragilisés et victimes des réseaux mafieux.
Il est crucial pour les associations d’échanger leurs expériences sur ces questions. Il faut aussi travailler sur le volet juridique de l’immigration car il existe des contradictions entre les situations locales et la Convention Internationale des Droits de l’Homme. Il faut intégrer les droits des étrangers et des migrants dans les DESCE.
Au Soudan, la situation est très délicate, les élections sont proches et il y a des risques de fraude. Les questions des frontières, de la citoyenneté, sont autant d’éléments qui ne sont pas définis et sont source de tension et qui ont été au centre des débats de la Coalition réunie au sein du Forum.
La coalition appelle les mouvements sociaux dans le monde à être solidaire et à manifester son soutien à cette région du monde qui ne cesse de souffrir et constitue le symbole de toutes les luttes contre l’injustice et souhaite que ce mouvement pour les plus démunis trouve sa place dans l’agenda international.
La coalition appelle à la tenue d’élections transparentes et justes, pour le respect des électeurs et demande au gouvernement soudanais de mettre en place toutes les conditions nécessaires pour garantir la paix et assurer la protection des civils dans la région du Sud-Soudan.